10 ans en tant que Naturopathe : mon expérience

Le 9 février 2012, après avoir terminé ma formation de Naturopathe (suivie au Cenatho Paris), j’ai créé mon entreprise pour officialiser ma pratique en tant que Naturopathe. Pour le nom, j’ai opté pour celui de mon blog que je tenais à l’époque depuis 5 ans : « Chaudron Pastel ».

10 ans. Le temps est passé si vite…
Si je devais résumer ces années je dirai que ça a été aussi fou que doux.
Le métier de Naturopathe a explosé ces dernières années. J’ai donc songé qu’une rétrospective sur 10 ans pourrait être utile pour certain(e)s : même si, bien sûr, chaque parcours est différent et unique.

 


 

Hier vs aujourd’hui

Cela fait donc 10 ans que je me suis mise à mon compte.
À l’époque, je ne savais pas trop comment j’allais pouvoir vivre de ma passion (ni même si je pouvais y parvenir).
J’ai écouté mon cœur.
Je pense que ce qui m’a beaucoup aidée est le fait que je n’ai jamais eu peur « d’échouer ». J’en ai déjà parlé dans un Vlog : la notion d’échec est, pour moi, une illusion (liée à des éléments bâtis par notre société).
Des peurs, j’en avais (et j’en ai toujours). Je reste humaine (et à moitié fée).

J’ai débuté en ayant pour seule casquette celle de Naturopathe.
Aujourd’hui, je le suis toujours (et c’est la partie de mon travail que j’aime le plus ♥)…
… et je suis également devenue autrice (mon 3e livre sort dans quelques semaines !), enseignante de Naturopathie à Lausanne (école EPSN), et créatrice de contenus (ici et sur Instagram).

Cette évolution m’apporte autant de joies que de défis à relever.
Sur le papier, ça peut paraitre joli, toutes ces casquettes qui s’additionnent : certains pourraient même y voir un symbole de réussite dans le domaine de la Naturopathie.
La réalité de mon quotidien, si elle est remplie de beaux moments de création et d’accompagnements, et aussi teintée d’un certain nombre de difficultés. C’est la vie, c’est beau ainsi. Ça fait grandir, réfléchir, ça force à évoluer.

 


 

Difficultés et meilleures décisions prises

 

Mes deux plus grandes difficultés ont été :

• L’administration française (l’URSSAF est ma bête noire – je pourrai monter un spectacle humoristique (bien cynique) de 2 heures pour raconter toutes les histoires hallucinantes qui me sont arrivés avec eux… très anxiogènes pour l’hypersensible que je suis). Je pense qu’être accompagnée par un cabinet d’experts comptables m’a littéralement sauvée (moi, mon entreprise, mon équilibre mental).

• L’insécurité financière. Les quatre premières années ont été particulièrement éprouvantes à ce niveau-là. Je ne me suis pas accordée un seul week-end de libre, pas de vacances, pas de voyages, aucun restaurant. Ça a été un choix personnel et conscient. J’avoue qu’avec le recul, je me trouve moi-même bien courageuse, et je ne sais pas si je pourrai le refaire.
J’ajoute (et ce détail est important) qu’il a toujours été important pour moi de rester totalement indépendante financièrement (et ne pas me reposer sur un conjoint ou ma famille). Je sais que beaucoup se lançant à leur compte ont la possibilité que tout ne repose pas sur leurs épaules : cela peut être source d’une sécurité précieuse tout en étant possiblement moteur d’un manque de dépassement de soi.
Aussi, si je n’avais pas peur de l’échec (et de reprendre un travail de salarié), le sentiment d’insécurité est resté présent.
Encore aujourd’hui, certaines périodes sont difficiles : j’en parlais en Stories il y a quelques jours, sur 100€ que mon entreprise peut générer, je perçois seulement 30€ (une fois que l’on retire la TVA, les charges sociales – URSSAF et CIPAV et l’impôt sur le revenu). Bien évidemment, cela dépend notamment du statut de son entreprise. Pour ma part, ayant une boutique en ligne, j’ai dû changer de statut l’année dernière, et suis désormais assujettie à la TVA (la Naturopathie n’étant pas reconnue en France, le métier ne peut rentrer dans ceux appelés « libéraux » d’un point de vue fiscal). Une fois toutes ces taxes et cotisations retirées, sur les 30€ restants, je dois régler mes charges professionnelles et personnelles. Certains mois, ça reste difficile, même après 10 ans : rien n’est acquis, en tous les cas, en ce qui me concerne.

 

Les meilleures décisions que j’ai faite pour mon entreprise :

Me faire accompagner par des personnes professionnelles et experte en leur domaine.
Nicolas, mon webmaster, me suit (et me supporte, hahaha) depuis 11 ans. Sans lui, clairement, je n’en serai pas là.
J’ai un cabinet d’experts comptables sur lequel je peux me reposer. La fiscalité française rendrait fou la personne la plus saine d’esprit, donc clairement, je me réjouis souvent de les avoir à mes côtés.

Écouter mon cœur. Quand j’ai eu un doute, quand je me suis perdue en cours de route, j’ai écouté mon cœur (je suis INFJ, donc l’intuition et le cœur sont mes guides par défaut ! C’est ok de fonctionner différemment).

 


 

Vivre de la Naturopathie ?

Naturopathe

J’ai eu la chance d’accompagner plus de six cent personnes en Naturopathie en 10 ans.
Je me souviens comme si c’était hier de la première personne que j’ai accompagnée.
En 10 ans, je ne me suis jamais lassée d’écouter les gens se confier à moi en consultation. Je pense même que j’aime encore plus cela qu’à mes débuts. Chaque personne venant à moi est comme un trésor à observer, étudier… puis accompagner avec un programme sur-mesure.

Je me suis tout de suite sentie à l’aise dans le rôle de Naturopathe. Comme si c’était une seconde nature.
À chaque début de séance, il se passe quelque chose qui semble magique : comme si une partie de moi laissait place à une entité, les deux se mêlant pour être mieux centrée, concentrée et accueillir la personne venant à moi.
J’aime profondément écouter les gens. Mettre mon intuition et mon hypersensibilité au service de ce que j’aime appeler « un travail à la Sherlock Holmes » version Naturopathie : j’aime ma capacité à percevoir des choses enfouies (consciemment ou inconsciemment), à déceler des schémas, à faire des liens mettant en lumière des déséquilibres.

Bien sûr, j’ai mes limites : je les connais, et n’ai pas hésité à les dire dans les quelques cas où je me suis sentie dépassée et désarmée ; tout en proposant de déléguer à d’autres thérapeutes (psychologues, médecins, etc.).
Une des premières qualités de n’importe quel métier, à mon sens, est l’humilité et la connaissance de nos propres limites. Cela ne veut pas dire que l’on est imparfait ou incompétent, cela veut dire qu’on est humain et permet d’optimiser la qualité de l’accompagnement et la sécurité de la personne accompagnée.

En 10 ans, je pense avoir répété des centaines de fois certains principes de vie, d’alimentation, de Naturopathie.
Étrangement, là aussi, aucune lassitude. J’adapte la manière d’expliquer un même principe à la personne que j’accompagne, son histoire, sa sensibilité, son caractère. Si le fond du message est identique, je façonne sa forme à al personne à qui je l’offre.

 

L’indispensable deuxième casquette

Durant mes deux années de formation au Cenatho, nos professeurs nous ont très souvent répété qu’il était important de développer ce qu’ils appelaient « une deuxième casquette » afin de pouvoir vivre de notre activité.
Ainsi, dès le début, je savais que vivre à 100% de la Naturopathie était quasiment impossible pour une multitude de raisons :
– difficulté à développer une clientèle au début,
– chaque séance étant très longue, on ne peut qu’assurer un nombre limité de consultations par jour au risque de se retrouver épuisé (on accueille beaucoup d’émotionnel, et l’intensité de chaque séance est forte).

Les professeurs nous ont donc conseillé de développer d’autres activités parallèles comme aromathérapeute, sophrologue, masseur bien-être, conseiller en fleurs de bach, animateur d’ateliers ou de retraites, etc.

Au tout début de mon activité, j’ai tenté d’amorcer plusieurs autres projets qui ont tous avortés (photographe culinaire, masseuse bien-être, etc.).
C’est le hasard de la vie qui m’a apporté ma deuxième casquette : créatrice de contenus (blog, Instagram) qui a lancé l’impulsion et m’a aidée à me faire connaitre à petite échelle.
J’ai donc aiguisé ma plume, tenté de palper l’art de la photographie : les deux mêlés me permettent de transmettre aux autres par l’écriture et l’image. Créer ainsi me nourrit profondément, me rend joyeuse. Ça me permet aussi de pouvoir transmettre par d’autres biais qu’en consultation. Même si, sur un plan purement mercantile, ce n’est pas rentable (et me coûte en temps, énergie et ressources financières avec mes serveurs, webmaster, logiciels photos, matériels, etc.), cela m’a ouvert d’autres portes : celle de l’enseignement (le directeur de l’EPSN m’a connue ainsi) et celle de devenir auteure (ma 1e éditrice m’a également découverte via mes articles de blog).

Pour être présente dans l’univers de la blogosphère depuis 2007 et sur Instagram depuis 2011, j’ai pu observé l’observation de ces plateformes de création et de communication (j’en parlais ici).
Aujourd’hui, la création de contenus est devenu très difficile :
– les algorithmes des réseaux sociaux desservent les créateurs,
– l’évolution d’un grand nombre des consommateurs de ces plateformes tend vers un manque d’attention croissant. Peu de gens prennent le temps de lire un article fouillé, beaucoup se lassent si une vidéo dure plus de 10 secondes, la majorité ne fond pas l’effort de changer de plateforme même si le sujet les intéresse (aller lire un article de blog partagé sur Instagram), etc.

 

Slow entrepreneuse : l’équilibre subtil entre liberté et sécurité

C’est délicat, de nos jours, de rester authentique et sincère, de ne pas céder à la pression des algorithmes et rentrer dans des moules attendus.
Être une « slow entrepreneuse » passe par le fait de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi : qualité indispensable avant de prendre soin des autres.
Trouver la joie de continuer à créer, écrire, partager et offrir un contenu gratuit après plus d’une décennie, alors que certains jours sont baignés d’incertitude matérielle. Le courage, la force de caractère…
Entre liberté et sécurité, l’équilibre est subtil au jour le jour : une danse d’amour et de vie.
Si j’avais fait d’autres choix, je serai sans doute plus à l’aise matériellement, j’aurai une plus grande communauté… mais je ne sais pas si j’aurai été heureuse en me trahissant moi-même. Car c’est mon cœur qui me fait vivre ma passion. Et une passion sans cœur est comme un corps sans âme.

Au final, je n’ai aucun regret. Aucun.
Je sais que c’est le plus important, le plus précieux.

 


 

Pour conclure… 

 

Si je devais résumer ces années je dirai…
… que ça a été aussi fou que doux,
… que ça a été tout sauf simple,
… que ça a été une évidence,
… que j’aime toujours autant créer, en photos et avec les mots,
… qu’écouter les gens est ce qui me rend le plus vivante,

Rappelons-nous que nous sommes tous différents.
Et que c’est parfait ainsi.
Il y a mille manières d’être Naturopathe, thérapeute, auteure, salariée ou autre
Que ce soit sur les choix que l’on fait, la structure pour lequel on a opté (ou la seule possible selon les configurations données).
L’important est Soi, son équilibre, sa joie de vivre tout cela.
L’argent ne compte que partiellement (il compte car c’est lui qui permet de payer les charges indispensables au fonctionnement de notre société).
N’ayez pas l’illusion des chiffres.

Soyez-vous, heureux avec vous, vos projets, petits grands ou encore plus simplement aucun (une routine simple est parfaite aussi).

Souvenons-nous que beaucoup de projets n’aboutissent pas, que des portes se ferment, que des « non » sont les réponses les plus fréquentes.
Tout cela est nécessaire pour servir de terreau fertile à rebondir.
Ayez la force de vous remettre en cause, sans jamais rien prendre personnellement.

✤ ✤ ✤

Comme je recevais beaucoup de questions liées à mon métier et ma reconversion,
j’ai créé une mini-série en plusieurs épisodes où je retrace tout, et partage des conseils à mon humble échelle :

Ma série en 6 épisodes sur la reconversion pour devenir Naturopathe

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9 commentaires

  1. Florine (une autre fée)

    Quel jolie partage, merci beaucoup Mely.
    C’est toujours un plaisir de te lire et ce jusqu’au bout de tes articles 🧡
    Je suis en pleine reconversion professionnelle aussi tes mots ont une raisonnance toute particulière pour moi et je réalise que je suis tes aventures depuis au moins 10 ans maintenant, avec autant de baume au cœur qu’au début.
    Chacune de mes visites sur ton blog est avant tout un moment doux, apaisant et source d’inspiration.
    Merci à toi belle Mely, jolie âme, petite fée de partager ta magie 🦋
    Je te souhaite de vivre au quotidien toute la douceur à laquelle tu aspires.
    PS : J’ai également dû être un Tournesol auparavant 🌻 Je reprends vie tout doucement 😊

    mercredi 9, février 2022 à 20h15
  2. Collins Laurence

    Merci Mély pour cet article bilan, toujours un plaisir de te lire…

    mercredi 9, février 2022 à 20h46
  3. Marion

    Merci Mélanie pour ton retour doux et constructif de ces 10 dernières années 💞

    mercredi 9, février 2022 à 22h32
  4. Estelle

    Merci pour ce retour d’expérience sincère. C’est rare de jouer le jeu de l’introspection, et ça fait du bien de voir quelqu’un se lancer ! Bien que loin de l’univers de la naturopathie (quoique :), ton témoignage fait écho. Merci pour ça !

    jeudi 10, février 2022 à 8h05
  5. Nad

    Bravo pour ce joli parcours !
    Je vous suis discrètement depuis le début !
    Quelle belle réussite, malgré quelques préoccupations j’en suis sûre…✨🌸
    Belle continuation à vous.
    Et je vous souhaite également de bons préparatifs pour votre mariage.
    Merci de prendre du temps pour réaliser tous les articles de votre blog.
    Cordialement.

    jeudi 10, février 2022 à 13h53
  6. May

    Je pense qu’il ne te sera pas étonnant de savoir à quel point cet article résonne en moi 💭

    Une âme créative et rêveuse, au besoin de stabilité et de sécurité qui suit pourtant un modèle professionnel a l’opposé de ces principes : paradoxe des infj 💌

    Mais c’est le courage et la passion, mêlés à notre instinct qui nous font avancer malgré ce sentiment de doute constant, de peurs et d’incertitudes, parce que rien ne nous apportera plus de bonheur que de faire ce que l’on aime vraiment 🌟

    Merci pour ce joli message de courage tout en poésie, il est toujours rassurant de lire que nos incertitudes quotidiennes sont partagées 💛 merci Mélanie de nous partager tout ça 🌠

    jeudi 10, février 2022 à 14h14
  7. Sosobio

    Merci Mély pour ce beau retour d’expérience ! Et bonne continuation pour une deuxième décennie !
    Moi j’adore lire les blogs et j’en lis plusieurs !! Alors continue, je t’en prie !
    Et la préparation du mariage, est-ce que ça avance ?
    Belle et douce journée à toi ! Merci encore

    jeudi 10, février 2022 à 15h43
  8. Clémentine

    Simplement merci Mélanie. Pour ce partage tout en authenticité.
    Belle journée,
    Porte-toi bien.
    Clémentine

    Ps : j’ai aussi dû être 🌻 dans une autre vie et depuis une semaine je sens fort l’énergie du printemps qui pousse. 🌱🙏

    vendredi 11, février 2022 à 12h24
  9. Julie

    Très bel article avec une belle sincérité et beaucoup de douceur comme toujours !
    Bravo et merci Mélanie

    dimanche 13, février 2022 à 19h35

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