Potage d’été aux tomates : les petits nuages gris se transforment (toujours) en trésors colorés…

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Si vous pouviez.
Si vous aviez la possibilité.
Si le droit vous étiez accordés.

De voyager dans le temps.
De le remonter.
De revenir.
Quelques mois.
Quelques années.
En arrière.

Pour vous retrouver.
Vous.
Dans le passé.

Pour vous retrouver, vous.
Pour retrouver la personne que vous étiez alors.
Il y a 1 mois, 1 an, 10 ans, ou 30 ans.
Qu’importe le chiffre exact.

Si vous pouviez.
Parler à la personne que vous étiez, dans ce passé choisi.
Là, tout de suite.

Imaginez.
Imaginez-vous, près d’elle.
Imaginez-vous face à elle.

Que feriez-vous ?
Que lui diriez-vous ?

Changeriez-vous une seule chose ?
La mettriez-vous en garde ?
Lui conseilleriez-vous de ne pas faire ce choix ? Ou, de faire plutôt celui-ci ?
L’encourageriez-vous à agir d’une autre manière que la Vie vous a conduit à faire ?

Pensez-y.
Réfléchissez-y.

Tout ce que vous avez fait.
Tout ce que vous avez traversé.
Tout ce que vous avez vécu.
Les décisions prises.
Les épreuves traversées.
Les chagrins ressentis.
Les joies scintillantes.
Les éclats de rire retentissants.
Les bonheurs d’un jour.
Les malheurs d’un autre.

Tout.
Tout cela.
A fait de vous.
La personne que vous êtes aujourd’hui.
Tout cela vous a bâti.
Tout cela vous a construit.
Jour après jour.
Mois après mois.
Un seul détail aurait changé.
Et vous ne seriez pas la personne que vous êtes aujourd’hui.
Peut-être vous seriez autre part.
Peut-être feriez-vous autre chose.
Peut-être.

Est-ce que ce serait «mieux» ?
Est-ce que ce serait «pire» ?

Non.
Ça serait différent.
La Vie, votre Vie serait différente.
Et, elle ne serait pas vous.
Elle ne vous appartiendrait pas.

Réfléchissez-y.
Pensez-y.
Chaque chose vécue.
Vous a enseigné.
Vous a permis de grandir.
Vous a appris.
Vous a apporté quelque chose.
D’une manière ou d’une autre.
Oui, parfois, le processus, certaines «choses», certains événements font souffrir.
Parfois, on se surprend à regretter.
Parfois, on se surprend à espérer. Que l’on aurait fait autrement.

La réalité…
Est que tout est comme il devrait être.
Tout est parfait tel quel.
Ici, et maintenant.
C’est tout ce qui compte.
C’est ce que l’on a.
Ici.
Et maintenant.

Parfois, il y a des petits nuages gris.
On a souvent tendance à oublier.
Que les petits nuages gris ont un rôle.
Ont une importance.
Ils feront tomber de la pluie.
Nourriture de la Terre.
Qui donnera des merveilles.
De laquelle pousseront des miracles.

Avoir Foi.
Toujours.
En la Vie.
Car elle est parfaite.
Telle qu’elle est.

De chaque chose, on peut apprendre.
De chaque étape, on peut en sortir.
Un peu plus «nous».

Parfois.
On pense qu’une chose est arrivée à un stade tel que l’on ne peut plus rien en tirer.
Parfois.
On se surprend, malgré nous, à penser qu’une chose ne contient plus rien de bon.
On veut s’en débarrasser.
On voudrait pouvoir l’effacer, l’oublier.
On voudrait qu’elle disparaisse.
Et, avec, toutes les souffrances, les pensées, les idées noires qu’elle nous inflige.
On n’y voit plus rien de bon, plus rien de joli, d’étincelant.

Mais…
Il y a quelque chose de plus beau.
De plus grand.
Que l’on ne voit pas.
Que l’on ne peut percevoir.
Que l’on ne peut imaginer.
Quelque chose d’un peu magique.

Étant complément immergé à l’intérieur, on ne voit pas.
Le Tout.
On voit simplement cette chose. Que l’on trouve «gâtée».
On ne sent pas cette magie. Derrière. Autour. Au-delà.

Elle est si grande…
Elle surpasse de loin tout ce que notre imagination la plus folle peut concevoir.
Elle nous réserve quelque chose.
Quelque chose de beau, quelque chose de doux, quelque chose pour nous.

Quand vient le Temps.
Elle apparait.
Quand vient le Temps.
Pour nous, de comprendre, de voir.
Elle nous apparait.
Elle se transforme.
Elle transparait.
Et, l’on voit.
Et, l’on comprend.
Alors.

Ce qui se tramait.
Ce qui nous attendait.
On voit l’ensemble du puzzle.
On voit l’ensemble du Tout.

On sourit.
On se demande alors.
Comment on a pu douter.

Ne jamais douter.
Toujours avoir Foi.
Toujours croire.
Toujours.

D’une chose gâtée.
D’une chose d’un état lamentable.
Peut être créé un tableau plus grand.
Plus beau.

D’une chose abîmée, atteinte, gâtée.
Peut naitre.
Une merveille.

C’est l’histoire de nos petits nuages gris.
C’est aussi l’histoire de ce potage.

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Cette recette, je l’ai tirée d’un livre.
«Green Stories Kitchen» est un recueil de recettes de famille.
Luise, David et leur fille Elsa, habitant à Stockholm, tiennent le blog Green Kitchen Stories, et ont écrit ce livre en couchant sur papier leurs recettes préférées. Celles qu’ils font régulièrement, qu’ils affectionnent énormément.
C’est rare que je suive à la lettre une recette.
Généralement, je l’adapte toujours. Un peu. Beaucoup, parfois.
Mais là, je l’ai suivie à la lettre.
Je voulais voir.
Comment de tomates presque gâtées, «trop mûres» pour être mangées, on pouvait obtenir quelque chose qu’ils disaient être merveilleux.

Je n’affectionne pas trop les soupes de tomates.
Les tomates, je les aime beaucoup en tian, glissées dans les ratatouilles, dip, en salade, en sauce, mais les soupes de tomates & moi, ça n’a jamais été le grand amour.
Gorgées d’eau, généralement, la soupe obtenue est trop liquide pour mon petit cœur, qui a besoin de tant de douceur, d’onctuosité.
Les soupes trop liquides, je les évite.
Je les transforme.
Contre des textures onctueuses, crémeuses, lisses.
Potage, crème, mousseline et purée de légumes
Pièce centrale de mes diners.

J’aime façonner de la douceur.
À base de légumes simples.
D’aliments bruts.

Il existe des dizaines d’astuces pour réaliser cette transformation.
Des dizaines d’ingrédients se mariant, se combinant, les uns avec les autres.
En sort une palette infinie de déclinaisons gourmandes.
(J’écrirai plus longuement sur ces infinies possibilités gourmandes dans un futur billet)

Cette recette-ci est un excellent exemple.
Cette crème onctueuse & épaisse est faite à base d’un légume très aqueux.
Je dis «légume», mais la tomate est en réalité un fruit.
Nous sommes à la fin de l’été.
Toutes les tomates sont gorgées de soleil.
C’est parfait. Elles auront encore plus de goût.
Les tomates se conservent mieux à température ambiante (plutôt que dans le bac de notre frigo).
Oh… Certes, cela contribue beaucoup au fait qu’elles ne se conservent que peu de temps.
Parfois, elles deviennent trop mûres.
Extrêmement molle, leur peau cède sous notre doigt les effleurant.
Mûres. Un peu trop.
Voilà exactement l’état idéal où utilisent des tomates pour réaliser cette recette.
Le résultat obtenu n’en est que meilleur, car leur goût est comme aiguisé, exacerbé.

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Pour le choix des variétés des tomates : toutes conviennent. Les petites, les grandes, les allongées, les bien rondes, les noires, les vertes, les jaunes.
Au sujet de variétés colorées, rares, aux formes étranges, étonnantes, connaissez-vous Kokopelli ?
Kokopelli est une association qui propose, et vend des semences de variétés anciennes de légumes.
S’approvisionner chez eux (ou même en acheter pour en offrir), c’est participer à la continuité des variétés anciennes.
C’est participer à ce que la biodiversité de la Nature s’étende dans le temps, dans l’espace.
Vous pouvez y participer.
Régulièrement, chaque année, j’en achète 3 ou 4, et je les donne (cette année, je les ai confiés à la belle Mireille qui en fait un petit potager, et l’année précédente, à un cousin faisant pousser lui-même ses légumes).

Mais, honnêtement, toutes les variétés conviennent.
J’ai réalisé cette recette en testant plusieurs variétés, et en en combinant aussi plusieurs à la fois (je l’ai réalisée souvent dernièrement, tellement mon coup de cœur a été grand), et à chaque fois, le plaisir gustatif est bien là.
La seule condition est que les tomates soient très très mûres.

Mmmh… Quelle merveilleuse découverte cette recette.
Parfois, on découvre dans les ouvrages de précieuses idées, de délicieuses pépites culinaires…
Même si je ne suis plus les recettes à la lettre, beaucoup d’ouvrages m’inspirent.
Dans beaucoup, je découvre des petites étincelles gourmandes.
Des précieuses idées.
Que je transforme, à mon goût. Selon mes inspirations, mes envies.

À ce propos, cette page se fait discrète, mais sur ma page «Coin Lecture», j’ai glissé toutes les suggestions littéraires que j’affectionne particulièrement.
Mon «Coin Lecture» loin d’être une simple page où j’ai déversé plein de référence d’ouvrages en vrac.
C’est une page où j’ai mis, et choisis uniquement les livres pour lesquels j’ai eu des réels coups de cœur et/ou qui ont grandement participé à m’apprendre beaucoup de choses quand j’ai commencé à me passionner sur la cuisine saine & gourmande (il y a bientôt 10 ans).
Ma réelle bibliothèque est bien plus fournie… mais sur cette page, j’y ai mis uniquement mes plus beaux coups de cœur.

livres

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Un autre secret de cette recette réside en sa texture.
Pour l’épaissir, transformer la texture aqueuse des tomates en une texture onctueuse, crémeuse, épaisse, le choix & l’utilisation des pois chiches est ce qui fait toute la différence.
À tous les légumes trop aqueux, on peut ajouter une portion de légumineuses.

Certaines légumineuses se marient mieux avec certains légumes que d’autres, et réciproquement : certains mariages ne créent pas une bonne synergie gustative.

Les pois chiches font partie des légumineuses les plus longues à préparer (24 heures de prétrempage, et 3 heures de cuisson à la maison).
Elles font aussi parties de celles qui sont le moins digestes.
Mais… Ils sont tellement délicieux.
J’adore les transformer en tartinade (j’ai mis un temps fou à trouver ma recette préférée de houmous), et je ne les utilisais jusqu’alors jamais dans mes crèmes, mousselines & purées de légumes.

Ici, en plus de contrebalancer la nature très aqueuse de la tomate, et en faire naître une texture crémeuse & épaisse, les pois chiches agissent aussi sur le goût : ils adoucissent considérablement l’acidité des tomates, pour en donner une note plus agréable.

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Et…
Parfois…
L’ajout d’une herbe.
D’une pincée d’épices.
D’un filet d’huile.
Le tout saupoudré d’une dose d’Amour.
D’une étincelle de Foi en la Vie (toujours).

Et, le résultat se fait étonnant.

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Oui.
D’un légume aqueux.
Presque pourri.

Peut se créer une synergie merveilleuse.

Oui.
De petits nuages gris.
Peut se révéler le plus beau des soleils, le plus coloré des arcs-en-ciel.

Parfois.
Le temps semble long.
Mais.
Tout le temps.
Le résultat beau, doux, est assuré.

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Ingrédients : pour 2 à 3 personnes – recette tirée du livre « Green Kitchen Stories »

  • 600 à 800 g de tomates très mûres
  • 100 g de pois chiches prétrempés 24 heures à l’avance (pesés secs)
  • 1 cac d’origan séché
  • 1 cac de paprika
  • 1 pincée de sel gris
  • 3 cas d’huile d’olive

Préparation :

  1. Faites cuire durant 3 à 4 heures vos pois chiches, à feu doux & à couvert.
    Rajoutez de l’eau pendant la cuisson, si besoin est.
    Astuce (facultative) pour rendre plus digeste les pois chiches : glissez-y un bout de 2 cm d’algue kombu que vous aurez préalablement réhydratée dans de l’eau (ici, vous pourrez en découvrir plus sur cette astuce).
  2. Lavez vos tomates, et coupez les en 2 (dans le sens vertical).
  3. Huilez légèrement un plat allant au four.
  4. Versez vos pois chiches dans le plat du four, et disposez vos moitiés de tomates, face coupées vers le haut, par dessus.
  5. Saupoudrez de paprika, d’origan, de sel gris, et versez l’huile d’olive.
  6. Faites cuire dans un four préchauffé à 200°C pendant 1 heure.
    C’est prêt lorsque le bord des tomates commencent à noircir.
  7. Versez le tout dans un mixeur, et mixez.
    C’est prêt.

Parfois.
On sent.
On sait.
Que nos petits nuages gris.
Ne sont pas si gris que cela.
On sait. On sent. Qu’au-delà, se niche un sens.
On sait. On sent. Qu’au-delà, il y a un possible.

Parfois.
On ne sait pas comment y arriver.
A les transformer.

Parfois, on attend.
On espère.
Qu’ils se formeront.
Se transformeront.
En une chose plus douce.
En une chose plus colorée.

La véritable force…
Le véritable trésor…
Ayant le pouvoir de transmutation se trouve dans notre cœur.
Rien, ni personne n’a ce pouvoir.
Dans un sens, c’est rassurant.
De savoir.
De se dire.
Que cette ultime étincelle de magie.
Réside en nous. En notre cœur.

Parfois, la Vie nous aide.
Elle nous tend.
Des étincelles de magie. Des jolis signes. Des présences. Des amis. Des thérapeutes.
Tous sont des outils.
Nous y aidant.
Nous aidant dans cette transformation.
Nous aidant à fondre nos petits nuages gris.
A les modeler.
A les transformer.

Oui…
L’étincelle de magie.
Celle qui a la force de transformer nos petits nuages gris.
Se niche en nous.
Au fond, on le sait.
Au fond, on la sent.
Et…
C’est rassurant.
De savoir que, parfois, lorsqu’elle nous semble figée.
La présence d’Autres, peut nous aider.
A la raviver. La rallumer.

Gardons à l’esprit.
Que l’on est parfait.
Tel que l’on est.

Gardons à l’esprit.
Que nos petits nuages gris.
Sont, en réalité.
Des trésors colorés.

fin-snell

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35 commentaires

  1. Mély

    @ Valérie : Bonjour Valérie ❀
    Je suis ravie que cette recette te plaise ♡
    Je la fais très régulièrement en été : elle fait partie de mes « favoris de la saison estivale ».
    Elle est si délicieuse, douce, onctueuse, avec plein de notes du soleil ♥
    Ta question est intéressante, car l’utilisation de la farine pourrait être tentante, de part son côté attractif bien attrayant…
    Malheureusement, pour certaines personnes, cela peut induire des difficultés de digestion (notamment si leur flore intestinale n’est pas optimale et/ou qu’ils ont les intestins fragiles ou sensibles).
    La farine de pois chiche est faite à base de pois chiche encore secs (non cuits), que l’on a broyé en poudre fine jusqu’à obtenir de la farine donc :-)
    Or, les légumineuses crues (et non trempées / germées) contiennent encore de l’acide phytique : un des facteurs antinutritionnels s’opposant à la digestion des nutriments (vitamines, oligo-éléments, minéraux, etc).
    En revanche, si cela tu es curieuse, tu peux fabriquer ta propre farine de pois chiche « digeste ». J’en avais parlé dans cet article-ci (clic).
    Je te souhaite plein de délicates tentatives gustatives Valérie.

    vendredi 1, août 2014 à 16h12
  2. valérie

    Merci Mély :-)
    Je l’ai refaite la semaine dernière. En sortant le paquet de farine de pois chiches, j’ai eu quelques doutes et je l’ai goûtée comme ça sur le bout des doigts. Et là en effet, le goût était différent, comme cru… alors je n’ai pas osé. Maintenant je lis ta réponse et je vois que j’ai bien fait. Mon deuxième essai était encore délicieux : j’en ai mixé une partie avec des feuilles de menthe pour voir, et c’était très concluant, délicieux! Je vais aller voir ton article, merci :-)

    lundi 4, août 2014 à 14h16
  3. Mary

    Miam miam miam encore ce midi! Avec du basilic et de l’excellente huile d’olive au moment de servir et un filet de sardine un vrai plat du soleil! Merci <3

    mardi 5, août 2014 à 17h08
  4. Mary

    Petit partage d’une variante: je n’ai pas mixer la préparation sortie du four et c’est très bon aussi, un peu en « gratin » ;-)

    mercredi 6, août 2014 à 16h20
  5. Véro

    Bonjour Mély,
    J’ai découvert ton site hier, entre le chocolat cru et le potage crémeux de tomates. Pour le moment je découvre et j’apprécie beaucoup ce que j’y trouve et la manière dont tu nous offres toutes ces belles choses.
    Hier soir, il faisait un peu froid, besoin de réconfort, le « hasard » a fait qu’on apporte de belles tomates bien mûres, j’ai donc aussitôt tester ce potage que j’avais encore en tête. J’ai un peu triché ;o) j’ai pris ce que j’avais en stock, les pois chiche étaient en bocal!
    A part ça, ma mémoire était bonne, j’ai respecté la recette. Mon compagnon et moi avons adoré… <3 je me réjouis de découvrir la suite!
    À bientôt et merci pour toutes ces infos.
    Véro

    jeudi 21, août 2014 à 9h14

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